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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/299

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année 1772.

Que monsieur l’abbé Savatier[1],
Malgré sa flatteuse éloquence,
Nous tire jamais du bourbier
Où nous a plongés l’abondance
De nos barbouilleurs de papier.

Le goût s’enfuit, l’ennui nous gêne ;
On cherche des plaisirs nouveaux ;
Nous étalons pour Melpomène
Quatre ou cinq sortes de tréteaux,
Au lieu du théâtre d’Athène.
On critique, on critiquera.
On imprime, on imprimera
De beaux écrits sur la musique,
Sur la science économique,
Sur la finance et la tactique,
Et sur les filles d’Opéra.
En province, une académie
Enseigne méthodiquement,
Et calcule très-savamment
Les moyens d’avoir du génie.
Un auteur va mettre au grand jour
L’utile et la profonde histoire
Des singes qu’on montre à la foire,
Et de ceux qui vont à la cour.
Peut-être un peu de ridicule
Se joint-il à tant d’agréments ;
Mais je connais certaines gens
Qui, vers les bords de la Vistule,
Ne passent pas si bien leur temps.


Le nouvel abbé d’Oliva[2], après avoir ri aux dépens de ces messieurs, malgré leur liberum veto, s’entend merveilleusement avec l’Église grecque pour mettre à fin le saint œuvre de la pacification des Sarmates. Il a couru ces jours-ci un bruit dans Paris


  1. L’abbé Sabatier ou Savatier, gredin qui s’est avisé de juger les siècles avec
    un ci-devant soi-disant jésuite, et qui a ramassé un tas de calomnies absurdes pour vendre son livre. (Note de Voltaire.)

    — C’est ainsi que cette note est imprimée dans l’édition de 1775 ou encadrée,
    tome XII, page 225. Elle présente peu de différence avec celle qu’on lisait dans le Mercure de 1773, avril, tome Ier, page 195, et que voici : « L’abbé S… de C…, homme qui s’est avisé de juger les siècles avec un ci-devant soi-disant jésuite, et qui a ramassé un tas de calomnies absurdes pour vendre son livre, qu’il n’a point vendu. » (B.)
  2. Frédéric lui-même ; voyez lettres 8438 et 8648.