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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/313

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année 1772.

8763. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[1].
8 février.

J’envoie à mes anges la lettre que je suis forcé d’écrire à M. de Thibouville. Mes anges ont trop de goût pour ne pas convenir que j’ai raison. Ils connaissent trop bien le cœur humain pour ne pas sentir combien je dois être affligé de l’affront qu’on me fait et du ridicule qu’on me donne. Mme Denis pense comme moi et certainement quiconque sera instruit pensera de même. J’avais bien assez de mes fautes, sans qu’on m’en imputât de pareilles. D’ailleurs, tandis que ce malheureux Valade falsifiait ainsi mon ouvrage, je m’occupais à y mettre la dernière main. Tous mes travaux deviennent inutiles. Je suis en proie à mes ennemis, auxquels on me livre pieds et poings liés. Mais ma santé est si déplorable que je ne puis donner toute mon attention aux persécutions que j’essuie. Ma seule consolation est de ne m’occuper que de mes maux, et d’oublier les chagrins qu’on m’a fait essuyer. Mon espérance, s’il m’en reste, est dans l’amitié de mes anges, qui ne voudront pas oublier tout à fait un homme qui leur est tendrement attaché depuis si longtemps, et qui le sera jusqu’au dernier moment de sa vie.

8764. — À M. GUILLAUMOT[2].
8 février 1773, à Ferney.

Les maladies qui m’accablent, monsieur, ne m’ont pas permis de vous remercier plus tôt. Votre ouvrage m’a paru très-judicieux[3]. Il est bien plus aisé de se plaindre des corvées que de construire des chemins nécessaires. Vous rendez service à l’État par vos travaux, et vous éclairez les citoyens par vos réflexions.

J’ai l’honneur d’être, avec toute l’estime que vous méritez, monsieur, etc.

8765. — DE M. D’ALEMBERT.
9 février.

Bertrand a reçu successivement, et avec une exactitude édifiante, tous les marrons que Raton a si délicatement tirés. Tous les Bertrands les cro-

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.
  3. Lettre sur l’administration des corvées.