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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/337

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année 1772.

J’ai l’honneur de lui envoyer les Lois de Minos avec des notes qui pourront lui paraître assez intéressantes ; elle trouvera dans le cours de la pièce que j’ai profité d’un certain poëme sur les Confédérés[1]. Elle verra même qu’il y a quelque chose qui ressemble au roi de Suède, votre neveu ; on prétend que notre ministère welche veut s’approprier ce grand prince, et troubler un peu votre Nord. Ce sont mystères qui passent mon intelligence ; je m’en remets, sur tous les futurs contingents, aux ordres de Sa sacrée Majesté le Hasard, ou plutôt aux ordres plus réels de Sa divine Majesté la Destinée. Les mourants d’autrefois savaient prédire l’avenir ; le monde dégénère ; et tout ce que je puis prédire, c’est que je serai votre admirateur, et votre très-sincèrement attaché Suisse, pendant le peu de minutes qui me restent encore à végéter entre le mont Jura et les Alpes.

Le vieux Malade de Ferney.
8789. — DE MADAME LA MARQUISE DU DEFFANT[2].
Paris, 19 mars.

Quoique j’aie tout lieu de croire, monsieur, que vous ne m’aimez plus, je serais très-fâchée que vous me soupçonnassiez de la même indifférence. J’ai été très-alarmée d’entendre dire que vous étiez fort malade ; je n’ai point passé de jour sans m’informer de vos nouvelles ; les dernières me rassurent beaucoup, j’espère qu’elles me seront confirmées par vous-même.

Vous ne m’avez point écrit depuis ma dernière lettre, qui était du mois de novembre : d’où vient ce silence ? Je vous remerciais de la lecture que vous m’aviez procurée des Lois de Minos ; je vous disais tout le bien que j’en pensais.

Je ne veux point croire que l’on puisse jamais réussir à vous refroidir pour moi ; vous avez sans doute des amis plus éclairés que moi, et dont les approbations et les louanges doivent vous flatter davantage ; mais souvenez-vous que vous n’en avez pas de plus anciens, et dont l’attachement soit plus constant, plus tendre et plus sincère.

8790. — À M. LEJEUNE DELACROIX,
avocat.
À Ferney, ce 22 mars.

J’ai reçu, monsieur, votre lettre lorsque j’échappais à peine, et pour très-peu de temps, d’une maladie qui n’épargne guère

  1. Par le roi de Prusse.
  2. Correspondance complète, édition de Lescure, 1865.