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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/394

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CORRESPONDANCE.

hommes font ce qu’ils peuvent pour le détruire, et ils n’ont pu en venir à bout. Je vous avoue que je soupçonne un peu de ridicule dans l’idée de Newton que la comète de 1680 avait acquis, en passant à un demi-diamètre du soleil, un embrasement deux mille fois plus fort que celui du fer ardent.

Il me semble d’ailleurs que messieurs de Paris jugent de toutes choses comme de la prétendue comète, que M. de La Lande n’a point annoncée.

Je vous prie, quand vous le verrez, de lui faire mes très-sincères compliments sur le gain de son procès contre l’ami Coger[1]. Ce Coger n’a pas fait grand bien, à ce que je vois, au pecus de l’université.

Je suis toujours bien malade : j’égaye mes maux par les sottises du genre humain. Je vous aime et vous révère.

Mon cher ami, mon cher philosophe, vous n’aviez pas pu soupçonner le motif de cette méchanceté ; mais vous avez fort bien connu le caractère de la personne. Vous connaissez aussi celui de son maître : donc il faut cultiver son jardin et se taire.

8831. — À M. CHRISTIN.
20 mai.

Vous êtes, mon cher ami, meilleur citoyen que les anciens Romains ; ils étaient dispensés d’aller à la guerre pour le service de la république, et vous, à peine êtes-vous marié que vous faites la campagne la plus vive en faveur du genre humain contre les bêtes puantes appelées moines. Tout ce que je peux faire à présent est de lever les mains au ciel pendant que vous vous battez.

Il y a des choses qui m’ont paru fort équivoques dans le mémoire de l’avocat de Besançon. Je tremblerai toujours jusqu’au jour de la décision. Ce serait au roi à terminer ce grand procès dans toute la France. L’abolissement du droit barbare de mainmorte serait encore plus nécessaire que l’abolissement des jésuites. Puisse le roi jouir de la gloire de nous avoir délivrés de ces deux pestes ! Bonsoir, mon cher philosophe ; soyez le plus heureux des maris et des avocats.

  1. Voyez tome XXI, page 357 ; et XXVI, 431.