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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/395

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année 1772.

8852. — À MADAME CHRISTIN.
20 mai.

Vous m’avez prévenu, madame ; c’était à moi de faire mon compliment à la femme de mon meilleur ami. Je me serais sans doute acquitté de ce devoir si les suites de ma maladie ne m’en avaient empêché.

Je vous souhaite tout le bonheur que vous méritez, et je suis sûr que vous l’aurez. On ne peut être plus sensible que je le suis à la bonté que vous avez eue de m’écrire : si j’avais eu de la santé, j’aurais été un des garçons de la noce.

J’ai l’honneur d’être, etc.

8853. — À M. MARIN[1].
22 mai.

Le vieux malade supplie M. Marin de vouloir bien avoir la bonté de donner cours aux incluses.

J’attends avec bien de l’impatience des nouvelles de cet étrange procès de M. de Morangiés.

Savez-vous qu’un jeune Tronchin, âgé de vingt-six à vingt-sept ans, plus beau que son oncle, beaucoup plus riche, nouvellement marié à une jeune personne encore plus belle et plus riche que lui, vient de se tirer un coup de fusil par-dessous le menton, dans la cervelle ? Les trois balles, qui ont percé son crane, ont fait des trous au plafond. Je ne connais guère de plus terrible exemple.

8854. — À M. LE MARQUIS DE CONDORCET[2].
23 mai.

Vous êtes un vrai philosophe, monsieur, c’est-à-dire un vrai sage, et vous rendez la philosophie bien aimable par les grâces de votre esprit. Il ne faut que deux hommes comme vous et M. d’Alembert pour conserver le dépôt du feu sacré que tant d’hypocrites veulent éteindre ; et, Dieu merci, vous avez dans Paris un très-grand nombre d’honnêtes gens qui vous secondent. Ainsi, monsieur, ne vous découragez jamais. Quand la raison a


  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Œuvres de Condorcet, tome Ier ; Paris, 1847.