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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/449

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année 1772.

tombeau du fameux Copernic, qui s’y trouve enterré. Croyez-moi, il vaut mieux, quand on le peut, récompenser que punir ; rendre des hommages au génie, que venger des atrocités depuis longtemps commises.

Il m’est tombé entre les mains un ouvrage de défunt Helvétius sur l’Éducation[1] ; je suis fâché que cet honnête homme ne l’ait pas corrigé, pour le purger de pensées fausses et des concetti qui me semblent on ne saurait plus déplacés dans un ouvrage de philosophie. Il veut prouver, sans pouvoir en venir à bout, que les hommes sont également doués d’esprit, et que l’éducation peut tout. Malheureusement l’expérience, ce grand maître, lui est contraire et combat les principes qu’il s’efforce d’établir. Pour moi, je n’ai qu’à me louer de l’idée trop avantageuse qu’il avait de ma personne[2]. Je voudrais la mériter.

Je ne sais comment pense le roi de Pologne, encore moins quand la diète finira. Je vous garantirai toujours, à bon compte, qu’il n’y aura pas de nouveaux troubles occasionnés par ce qui se passe dans ce royaume.

Vous vivrez encore longtemps, l’honneur des lettres et le fléau de l’inf[3] ; et si je ne vous vois pas facie ad faciem[4], les yeux de l’esprit ne détournent point leurs regards de votre personne, et mes vœux vous accompagnent partout.

Fédéric[5].
8909. — À M. LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU[6].
À Ferney, 13 auguste.

Je vous supplie instamment, monseigneur, de lire et de faire lire cet écrit sur une affaire[7] qui me paraît intéresser la plus saine partie de l’État. Je m’en rapporte à votre jugement. J’ose même ajouter que voilà une des occasions où les pairs du royaume devraient rendre la justice.

Souffrez que je vous représente encore qu’un des comptoirs de ma colonie a bientôt achevé la montre que vous avez permis qu’on vous envoyât pour les noces de Mme la comtesse d’Artois. Ayez la bonté de me dire si vous voulez qu’on vous l’envoie. Je la ferai partir sous le couvert de M. le duc d’Aiguillon. Il est important pour ces pauvres artistes d’être sûrs de vos ordres, pour ne se pas consumer en frais inutiles.

  1. De l’Homme et de son éducation : voyez lettres 8725 et 8867.
  2. Section i, chapitre ix, note 5, Frédéric est mis au nombre des grands rois.
  3. « Et le fléau du fanatisme. » (Édit. de Berlin.)
  4. Genèse, XXXII. 30.
  5. Cette lettre est signée le Solitaire de Sans-Souci, dans les Œuvres posthumes.
  6. Éditeurs, de Cayrol et François.
  7. L’affaire Lally.