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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/460

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CORRESPONDANCE.

ouvrage : je vais le remercier[1] et l’embrasser de tout mon cœur, quoique ma misérable santé et mon âge ne me permettent guère d’écrire.

Qui vous a donc parlé du Taureau blanc[2] ? n’est-ce pas une traduction du syriaque par un professeur du Collège royal ?

Je n’ai point lu l’ouvrage[3] de M. Necker. S’il blâme les économistes d’avoir dit du mal du grand Colbert, il me paraît qu’il a grande raison. À l’égard des autres messieurs, il serait fort aisé de s’accorder, si on voulait s’entendre. Baruch Spinosa admet une intelligence suprême ; et Virgile a dit :


Mens agitat molem.

(Æneid., lib. VI, v. 727.)

J’aurais voulu que le parlement eût commencé par faire sortir de prison M. de Morangiés. Le fond du procès est aussi ridicule que révoltant. On sera un jour étonné d’avoir pu croire une fable aussi absurde que celle des Véron. C’est le sort de notre nation de traiter sérieusement des extravagances, et légèrement les plus sérieuses affaires.

Adieu, mon cher successeur, qui vaudrez mieux que moi. Faites bien mes compliments au digne secrétaire d’une Académie dont vous devriez être, et à ceux de mes confrères que vous voyez.

Mme Denis est comme moi, son amitié et son estime pour vous augmentent tous les jours.

8920. — À MADAME NECKER[4].
3 septembre.

Madame, je ne connais pas plus l’auteur[5] modeste et couronné de l’éloge de Colbert que je ne connais l’auteur[6] téméraire et honni des Fragments sur l’Inde. Je me doute seulement que le sage qui a remporté le prix de l’Académie mériterait peut-être de succéder au grand homme qu’il a si bien loué. Son prin-

  1. Cette lettre manque.
  2. Voyez tome XXI, page 483.
  3. Éloge de Colbert. Il avait remporté le prix d’éloquence à l’Académie française.
  4. Éditeurs, de Cayrol et François.
  5. Necker.
  6. Voltaire lui-même.