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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/492

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CORRESPONDANCE.

des vers comme Théocrite. Il y a même dans votre épître une philosophie qu’on ne trouve ni dans Théocrite, ni dans aucun des anciens poëtes grecs.


Profitez de votre printemps ;
Chantez, baisez votre bergère ;
Faites des vers et des enfants.
Ma triste muse octogénaire,
Qui cède aux outrages du temps,
Doit vous admirer et se taire.

8956. — À M. LEKAIN.
À Ferney, 20 octobre.

Le vieux malade de Ferney, monsieur, a été sensible à votre souvenir et à votre lettre ; s’il ne vous a pas remercié plus tôt, c’est qu’il a été dans un état déplorable.

Il a su que vos grands talents se sont déployés plus que jamais à Fontainebleau ; il a fait son petit profit des choses que vous avez bien voulu lui mander, et M. d’Argental peut vous en instruire.

Il n’a été à aucun spectacle depuis que vous avez quitté le petit pays de Gex. On ne peut entendre personne, quand on a eu le plaisir de vous entendre.

Mme Denis vous fait bien des compliments, et l’inutile vieillard vous embrasse de tout son cœur. V.

8957. — À M. CHRISTIN.
À Ferney, 22 octobre.

Avez-vous vu, mon cher ami, une pauvre femme franc-comtoise, à qui un conseiller de votre ancien parlement a voulu persuader qu’elle était son esclave, et à qui on a enlevé tout, jusqu’à sa chemise ?

J’ai recours à vous, mon cher philosophe, en plus d’un genre. Je voudrais trouver, dans les Institutes de Justinien, l’endroit où il est parlé de l’ancienne loi des Douze Tables, qui permet aux pères de vendre leurs enfants deux fois, loi abolie par l’humanité de Dioclétien, qu’on fait passer parmi nous pour un monstre, et rétablie par Constantin, qu’on nous donne pour un saint. Si vous pouvez trouver ces deux lois du méchant Dioclétien et du bon Constantin, vous me rendrez un grand service,