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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/559

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Le parlement a condamné le Bon Sens[1] et le livre d’Helvétius[2], toujours à être lacérés et brûlés, à l’exemple de l’empereur Tibère de glorieuse mémoire. Adieu, monsieur ; j’espère que je ne vous écrirai plus cet hiver.

9034. — À M. D’ÉTALLONDE DE MORIVAL.
17 janvier.

M. Misopriest[3], monsieur, a reçu votre lettre du 2 de janvier ; il a écrit sur-le-champ à Sa Majesté[4]. Il lui demande très-instamment un congé d’un an pour vous. Il est d’ailleurs instruit de votre situation, et a promis d’avoir soin de vous. M. Misopriest lui répond que vous lui ferez de très-belles recrues dans le pays où vous devez rester quelque temps pour vaquer à vos affaires. C’est à une lieue de la Suisse, de la Savoie, de Genève, et de la Franche-Comté ; vous y serez aussi en sûreté qu’à Vesel.

Ne vous adressez ni à père ni à frère. Si vous avez besoin de quelque argent pour aller de Vesel à Genève, vous pourrez en prendre, sur cette simple lettre, chez M. Marc-Michel Rey, à Amsterdam, qui, sur ma signature (Voltaire), vous fournira ce petit viatique avec sa générosité ordinaire, et auquel je rembourserai sur-le-champ cet argent par la voie de Genève. Vous n’aurez pas la plus légère dépense à faire dans le château de Ferney. C’est à vous à voir, monsieur, si vous voulez écrire aussi au roi. Je lui demande un congé d’un an ; je lui promets des recrues[5] ; je lui parle de la passion que vous avez pour son service. Tout serait manqué, s’il nous refusait ce congé.

C’est de là que dépend votre destinée, à laquelle je m’intéresse bien vivement.

9035. — À M. MARIN[6].
17 janvier.

Voici ma réponse dont M. de Tolendal jugera, si sa passion respectable pour la gloire de son père lui permet de juger.

Je n’ai pu parvenir à voir la prétendue lettre d’un prétendu

  1. Du baron d’Holbach.
  2. De l’Homme et de son éducation.
  3. Ce mot signifie ennemi des prêtres.
  4. Ce doit être la lettre 9032.
  5. Le roi non-seulement dispensa M. de Morival de faire des recrues, mais encore lui recommanda de ne s’occuper que de ses affaires particulières, et lui donna un congé illimité. (K.)
  6. Éditeurs, de Cayrol et François.