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o02 PRÉCIS DU CANTIQUE DES CANTIQUES. [»\

Et comme le pur encens Dont Tadmor est parfumée. Sous les murs des pharaons ', A travers les beaux vallons, Les cavales bondissantes Ont moins de légèreté; Les colombes caressantes, Dans leurs ardeurs innocentes, Ont moins de fidélité.

LA SULAMITE.

J"ai peu d'éclat, peu de beauté ; mais j'aime.

Mais je suis belle aux yeux de mon amant ;

Lui seul il fait ma joie et mon tourment ;

Mon tendre cœur n'aime en lui que lui-même -.

De mes parents la sévère rigueur^

Me commanda de bien garder ma vigne ;

��1. Texte : Mon amie, je to compare aux chevaux attelés au char de Pharaon. Ah, que vous êtes belle! vos yeux sont comme des yeux de colombe.

Je suis noire, mais je suis belle comme les tabernacles de Ccdar, et comme les pelisses de Salomon... Ne considérez pas que je suis trop brune, car c'est le soleil qui m'a hàlée. Mes parents m'ont fait garder les yignes : hélas! je n'ai pu garder ma propre vigne.

Remarque : Ces paroles semblent prouver que la Sulamite est une bergère, une villageoise qui dit naïvement qu'elle se croit belle comme les tapisseries du roi, et que par conséquent ce cantique n'est pas l'épithalame de Salomon et d'une fille du roi d'Egypte, comme d'illustres commentateurs l'ont dit. Les princesses égyp- tiennes n'étaient pas noires, et ne gardaient pas les vignes. {Note de Voltaire.)

2. Voltaire avait dit dans Zaïre, acte I, scène i :

Chère Fatime, en lui je n'aime que lui-même.

3. Texte : Si tu ne te connais pas, la plus belle des femmes, va paître tes moutons et tes chevreaux... Il y a soixante reines, quatre-vingts concubines, et des jeunes filles sans nombre. Tu es seule ma colombe, ma parfaite. Les reines et les concubines t'ont admirée.

Remarqce : Ces soixante reines et ces quatre-vmgts concubines on fait penser à plusieurs commentateurs que ce n'est pas Salomon qui composa ce cantique, puisque Salomon avait sept cents femmes et trois cents concubines, selon le texte sacré. Peut-être n'avait-il alors que soixante femmes. Il se peut aussi que l'auteur parle ici d'un autre roi que Salomon. Les commentateurs qui ne croient pas que le Cantique des cantiques soit de ce roi juif prétendent qu'il n'est guère vraisem- blable que Salomon dise à sa bien-aimée : « Tu es plus belle que toutes les maî- tresses du roi. » C'est une expression qui semble convenir aux hommes d'un ordre inférieur, comme il est d'usage parmi nous d'appeler une femme ma reine; cepen- dant il est tout aussi naturel que Salomon dise à sa nouvelle femme : « Tu es plus belle que toutes mes femmes et mes maîtresses. » {Id.)

— Cette remarque était moins étendue en 175'J. Les changements et augmenta- tions sont de 1701. (B.)

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