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] CHANT I. 521

Chacun embrasse et Robert et Catin ; Kt, dans leur zèle, ils tiennent pour des traîtres Les prédicants qui, de leurs droits jaloux, Dans la cité voudraient faire les maîtres, Juger l'amour, et parler de genoux.

Ami lecteur, il est dans cette ville De magistrats un sénat peu commun, Et peu connu. Deux fois douze, plus un. Font le complet de cette troupe habile. Ces sénateurs, de leur place ennuyés. Vivent d'honneur, et sont fort mal payés ; On ne voit point une pompe orgueilleuse Environner leur marche fastueuse : Ils vont à pied comme les Manlius, Les Curius, et les Cincinnatus; Tour tout éclat, une énorme perruque D'un long boudin cache leur vieille nuque. Couvre l'épaule, et retombe en anneaux; Cette crinière a deux pendants égaux, De la justice emblème respectable; Leur col est roide, et leur front vénérable N'a jamais su pencher d'aucun côté ; Signe d'esprit et preuve d'équité. Les deux partis devant eux se présentent. Plaident leur cause, insistent, argumentent ; De leurs clameurs le tribunal mugit ; Et plus on parle, et moins on s'éclaircit ; L'un se prévaut de la sainte Écriture ; L'autre en appelle aux lois de la nature ; Et tous les deux décochent quelque injure Tour appuyer le droit et la raison.

Dans le sénat il était un Caton, Paul Gallatin ^ syndic de cette année. Qui crut l'affaire en ces mots terminée :

« Vos différends pourraient s'accommoder. A^ous avez tous l'art de persuader. Les citoyens et l'éloquent Covelle Ont leurs raisons... les vôtres ont du poids... C'est ce qui fait... l'objet de la querelle... Nous en pourrons parler une autre fois...

1. Au lieu de Paul Gallatin, la première cditiou porte : « Pierre Agucliii. » (B.)

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