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[6i] CHANT III. 535

Le lac, au loin vomit de ses abîmes

Des flots d'écume élancés dans les airs,

De cent débris ses deux ])ords sont couverts ;

Des vieux sapins les ondoyantes cimes

Dans leurs rameaux engouITrent tous les vents.

Et de leur cliute écrasent les passants :

Un foudre tombe, un autre se rallume :

Du feu du ciel on connaît la coutume ;

Il va frapper des arides rochers,

Ou le métal branlant dans les clochers;

Car c'est toujours sur les murs de l'église

Qu'il est tombé : tant Dieu la favorise.

Tant il prend soin d'éprouver ses élus!

Les deux amants, au gré des flots émus, Sont transportés au séjour du tonnerre, Au fond du lac, aux rochers, à la terre, De tous côtés entourés de la mort. Aucun des deux ne pensait à son sort. Covelle craint, mais c'était pour sa belle ; Catin s'oublie, et tremble pour Covelle. Robert disait aux Zéphyrs, aux Amours, Qui conduisaient la barque tournoyante : « Dieux des amants, secourez mon amante ; Aidez Robert à sauver ses beaux jours ; Pompez cette eau, bouchez-moi cette fente ; A l'aide ! à l'aide ! » Et la troupe charmante Le secondait de ses doigts enfantins Par des efforts douloureux et trop vains.

L'aff"reux Rorée a chassé le Zéphyre, Un aquilon prend en flanc le navire, Rrise la voile, et casse les deux mâts ;

��ti re de cette légion fut écrite par Grégoire de Tours, qui ne passe pas pour un Tacite, d'après un mauvais roman attribue à l'abbé Eucher, évoque de Lyon, mort en 454 ; et dans ce roman il est fait mention de Sigismond, roi do Bourgogne, mort en 523. Je veux et je dois apprendre au public qu'un nommé Nonotte, ci-devant jésuite, fils d'un brave crocheteur de notre ville, a depuis peu, dans le style de son père, soutenu l'authenticité de cette ridicule fable avec la même impudence qu'il a prétendu que les rois de France de la première race n'ont jamais eu plusieurs femmes, que Dioclétien avait toujours été persécuteur, et que Constantin était, comme Moïse, le plus doux de tous les hommes. Cela se trouve dans un libelle de cet ex-jésuite, intitule les Erreurs de Voltaire, libelle aussi rempli d'erreurs que de mauvais rai- sonnements. Cette note est un peu étrangère au texte, mais c'est le droit des com- mentateurs. — Cette note est de M. C*", avocat à Besançon. ( JSote de Voltaire, 1768.)

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