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Page:Wash Irving voyage dans les prairies.djvu/100

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VOYAGE DANS LES PRAIRIES

« Il faut commencer à être sur nos gardes, dit le capitaine. Je vais faire distribuer des ordres écrits pour défendre de chasser sans permission, et de faire feu, sous peine de monter le cheval de bois. J’ai à conduire un équipage indocile. Tous ces jeunes gaillards sont peu accoutumés au service des frontières ; il sera difficile de les rendre circonspects. Nous sommes maintenant sur les terres d’un peuple silencieux, vigilant et rusé, qui, à l’instant où vous y pensez le moins, épie tous vos mouvemens, et se tient prêt à fondre sur les traîneurs ou les vagabonds.

— Comment pourrez-vous empêcher vos hommes de tirer, s’ils voient du gibier dans les alentours du camp ? demanda l’un des cavaliers.

— Ils ne doivent pas porter leur fusil avec eux, à moins qu’ils ne soient de faction, ou qu’ils n’en aient obtenu la permission.

— Ah, capitaine ! s’écria le cavalier, je n’en suis plus ! jamais je ne me soumettrai à cela. Où je vais, mon fusil va ; c’est une partie de moi-même. Personne ne me remplacerait auprès de lui, et personne ne le remplacerait auprès de moi. Je le soigne, et il me soigne.

— Il y a du vrai dans ce que vous dites, répondit le capitaine, touché d’une sympathie de