Page:Wash Irving voyage dans les prairies.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
106
VOYAGE DANS LES PRAIRIES

les faire briller, l’entraînaient continuellement à s’éloigner, ainsi qu’un lévrier mal dressé, aussitôt qu’il voyait lever quelque gibier, et il fallait de même le ramener à son poste à peu près de force.

Enfin sa vanité eut un salutaire échec. Un faon bondit en vue de toute la ligne ; Tony mit pied à terre et ajusta la bête, qui lui donnait beau jeu ; il tira, le faon resta en place : le créole sauta sur son cheval, se mit en attitude, et, les yeux fixés sur l’animal, semblait s’attendre à le voir tomber. Cependant ce dernier continua gaîment sa route, et un rire inextinguible s’éleva du haut en bas de la colonne. Le petit homme glissa tranquillement de sa selle, et tomba sur les bêtes de somme à bras raccourci, en les accablant d’injures et d’imprécations furieuses, comme si elles étaient cause de sa mésaventure : toutefois nous fûmes délivrés pour quelque temps de sa jactance babillarde.

Nous rencontrâmes pendant notre marche les restes d’un ancien campement indien près d’un ruisseau, sur les bords duquel étaient épars les crânes couverts de mousse des daims et des élans apportés par les chasseurs. Comme nous étions dans le pays des Pawnies, nous supposâmes que