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VOYAGE DANS LES PRAIRIES

croissement de considération parmi les cavaliers, et Tony était venu à bout de se faire regarder presque comme un oracle par les plus jeunes recrues qui n’avaient pas encore vu les déserts. Il avait continuellement un cercle autour de lui, écoutant ses contes extravagans sur les Pawnies, avec lesquels il prétendait avoir eu de furieuses rencontres. Dans le fait ces récits étaient de nature à donner les idées les plus terribles de l’ennemi sur les terres duquel nous nous étions introduits. À l’entendre, le fusil du blanc ne pouvait lutter avec l’arc et les flèches du Pawnie. Quand le premier était déchargé, il fallait du temps, de l’adresse pour le recharger, tandis que l’ennemi pouvait lancer ses flèches aussi vite qu’il les tirait de son carquois. De plus, les Pawnies, au dire de Tony, visaient à coup sûr à trois cents toises, et à cette distance leurs flèches perçaient quelquefois un buffle de part en part et en blessaient un autre ; et puis ils savaient si bien se garantir des coups, ils se suspendaient par une jambe sur leur cheval, collaient leur corps le long de ses flancs, et tiraient par dessous le col de l’animal tout en galopant. Si l’on devait en croire Tony, chaque pas offrait un danger sur ces territoires contestés des