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VOYAGE DANS LES PRAIRIES

inspirée par les histoires de Tony sur les Pawnies, soit crainte de manquer la trace et de s’égarer en revenant, chacun refusait la mission proposée. À la fin, deux jeunes gens s’avancèrent, et consentirent à partir ensemble, afin de pouvoir, s’ils se trouvaient obligés de passer la nuit dans les prairies, veiller et dormir tour à tour.

Le cheval fut confié à leurs soins, et je le regardais d’un œil triste s’éloigner en boitant ; il semblait que toute ma force, toute mon ardeur m’abandonnait avec lui.

Je songeai à le remplacer le mieux possible, et je fixai mon choix sur le beau gris d’argent que j’avais passé à Tony. Mais je n’eus pas plus tôt marqué mon intention de reprendre ce cheval et de donner au créole le poulain surnuméraire, que le petit varlet éclata en remontrances et en lamentations étourdissantes, la respiration lui manquant à tout moment dans son impatience de les émettre. Je vis qu’en le démontant je lui ferais perdre tout son courage et blesserais au vif sa vanité. Je n’eus pas le cœur d’affliger à ce point ce pauvre diable en le dépossédant de ses gloires passagères ; je le laissai donc en possession du