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VOYAGE DANS LES PRAIRIES

verture, qui n’eût changé de maître plusieurs fois ; et un fin trafiquant se vantait d’avoir, au moyen de marchés réitérés, changé un mauvais cheval contre un bon, et mis cent dollars dans sa poche.

Le temps était couvert et étouffant ; un bruit de tonnerre éloigné se faisait entendre. Ce changement de l’atmosphère eut son effet sur l’esprit de la troupe. Le camp était d’un calme, d’un silence extraordinaires. Point de ces mélodies de basses-cours, de ces chants de coq, de ces caquets de poule ; point de ces farces bruyantes qui se mêlaient communément aux mouvemens de départ. De temps en temps, un court fragment de chanson, un rire bas, un sifflet solitaire, étaient entendus ; mais en général, chacun vaquait à ses devoirs silencieusement et tristement.

Au moment de monter, on vint dire au capitaine qu’il manquait cinq chevaux, que l’on avait en vain cherchés à une assez grande distance dans les environs du camp. Plusieurs hommes furent dépêchés à leur recherche, et cependant le tonnerre continuait de gronder, et nous eûmes une petite averse. Les chevaux, de même que leurs cavaliers, étaient affectés par le chan-