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À L’OUEST DES ÉTATS-UNIS

presque désarçonné par la force du courant et les efforts de son captif. Cependant, après beaucoup de peines et d’inquiétudes, il parvint à l’autre bord, et ramena sa prise au port.

Pendant le reste de la soirée, tout le camp fut dans un état d’excitation prodigieuse. On ne parlait que de captures de chevaux sauvages. Les plus jeunes de la troupe voulaient se dévouer à cette chasse aventureuse, et chacun se promettait in petto de ramener en triomphe un des sauvages coursiers des prairies. Beatte avait pris en un moment un haut degré d’importance ; il était le chasseur par excellence, le héros du jour Les cavaliers les mieux montés lui offraient de se servir de leurs chevaux pour ses chasses, à condition qu’il leur donnerait une part dans les prises. Beatte recevait les honneurs en silence, et n’acceptait aucune des offres ; mais notre petit Français babillard compensait la taciturnité de son compagnon, en se vantant, à propos de cette capture, comme s’il l’eût effectuée lui-même. Il disserta sur le sujet si savamment, et parla d’un si grand nombre de chevaux qu’il avait pris, que l’on ne pouvait s’empêcher de l’écouter comme un oracle, et quelques uns de ses plus jeunes auditeurs penchaient à croire le