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Page:Wash Irving voyage dans les prairies.djvu/168

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loquace Tony supérieur même au silencieux Beatte.

La fermentation excitée par cet événement tint le camp éveillé bien au-delà de l’heure ordinaire. Il s’élevait, des groupes rassemblés autour des feux épars, un bourdonnement de voix interrompu de temps en temps par de longs éclats de rire ; et la nuit était à moitié passée avant que tout le monde fut endormi. Avec le jour, l’excitation se renouvela. Beatte et son cheval sauvage étaient encore le point de mire, l’objet principal des regards et des conversations du camp. Le captif avait passé la nuit attaché parmi les autres chevaux. Beatte le fit marcher encore en le tenant par un lariat, et sitôt qu’il montrait la moindre envie de se révolter, il le secouait et le tourmentait comme il avait fait la veille, jusqu’à ce qu’il l’eût réduit à une soumission passive. Il paraissait d’un caractère doux et docile, et son œil avait une expression touchante. Dans cette situation étrange et abandonnée, le pauvre animal semblait chercher protection, sympathie auprès de ce même cheval qui avait aidé à le prendre. Encouragé par sa docilité, Beatte essaya, un peu avant de nous mettre en marche, d’attacher