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Page:Wash Irving voyage dans les prairies.djvu/169

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À L’OUEST DES ÉTATS-UNIS

un léger paquet sur son dos, et de lui donner ainsi la première leçon de servitude. Mais l’orgueilleuse indépendance native de l’animal se réveillant à cette indignité, il rua, se cabra, employa tous les moyens possibles pour se délivrer de la charge dégradante. Cependant l’Indien était trop puissant pour lui : à chaque paroxysme, il renouvelait la discipline du licou ; enfin la malheureuse bête, sentant l’inutilité de lutter, se jeta à terre, et resta aplatie, sans mouvement, comme si elle s’avouait vaincue. Certes, un héros de théâtre, représentant le désespoir d’un prince captif, n’aurait pu jouer son rôle d’une manière plus dramatique : il y avait une véritable grandeur morale dans cette action.

L’imperturbable Indien se croisa les bras, et resta un peu de temps à considérer en silence son captif ; et quand il le vit bien complètement subjugué, il hocha la tête lentement, sa bouche se contracta en un sourire de triomphe sardonique, et, par une secousse donnée au licou, il ordonna au cheval de se lever. Il obéit, et de ce moment ne fit plus aucune tentative de résistance. Pendant cette première journée, on le conduisit en lesse, avec le paquet sur le dos, et il le porta patiemment : deux jours après, on le laissa mar-