Page:Wash Irving voyage dans les prairies.djvu/174

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cette contrée peut avoir un aspect agréable quand la terre est tapissée d’herbes vertes, le feuillage frais, les clairières animées par des ruisseaux. Malheureusement nous arrivions trop tard, l’herbe était desséchée, les feuillages jaunissaient, une teinte brune et triste dominait sur le paysage ; le feu des prairies incendiées par les chasseurs indiens avait, en plusieurs endroits, pénétré dans les forêts, et les flammes légères avaient couru le long des herbes, et grillé les bourgeons et les branches les plus basses des arbres, en les laissant tout noirs et assez durs pour entamer la chair des hommes et des animaux obligés de s’ouvrir un chemin au milieu d’eux. Je n’oublierai de long-temps la mortelle fatigue, les tourmens de corps et d’esprit auxquels nous fûmes exposés en traversant ce qu’on pouvait appeler une forêt de fer.

Une rude marche de plusieurs milles nous conduisit à une suite de collines et de vallées découvertes, entremêlées de bois. Là, nous fûmes tirés de notre accablement par le cri de Buffle ! buffle ! On éprouve un effet semblable lorsqu’on entend crier en mer : Voile ! voile ! Ce n’était pas une fausse alarme : trois ou quatre de ces énormes animaux étaient visibles à notre