Page:Wash Irving voyage dans les prairies.djvu/193

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Après une journée de quatorze milles dans la direction du sud-ouest, nous campâmes près d’un petit ruisseau limpide, entre les limites nord des bois et les confins des vastes prairies qui s’étendent jusqu’au pied des montagnes de rochers. En laissant les chevaux libres d’aller chercher pâture, on prit soin de remplir de foin leurs sonnettes, pour empêcher que leur tintement ne fût entendu de quelque horde de Pawnies errans.

Nos chasseurs sortirent en différentes directions sans beaucoup de succès ; car un seul daim fut apporté au camp. Mais un jeune chasseur avait une grande aventure à conter. En longeant le fourré d’un ravin profond, il avait blessé un daim mâle, et l’entendit tomber dans les buissons. Il s’arrêta pour raccommoder quelque chose à son fusil et le recharger ; puis il s’avançait vers le taillis pour y chercher son gibier, lorsqu’il entendit un grognement sourd. Il écarta les branches, et, se glissant tout doucement à travers le fourré, il jeta les yeux au fond du ravin, et vit un ours énorme traînant la carcasse du daim le long du lit d’un ruisseau tari, et grognant contre quatre ou cinq loups officieux qui paraissaient disposés à partager son souper.