Page:Wash Irving voyage dans les prairies.djvu/199

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partie. Cependant la plupart des poursuivans abandonnèrent bientôt cette chasse, à travers des ronces, des broussailles et des ravins, véritables casse-cous. Un petit nombre de cavaliers persista pendant quelque temps ; mais tous rejoignirent successivement la ligne, fatigués et désappointés. L’un d’eux revint à pied : il avait été renversé en pleine course, son fusil s’était brisé en tombant ; et le cheval, participant de l’esprit du maître, avait continué de pourchasser le buffle. C’était un pitoyable accident ; il était triste de se trouver désarmé et démonté au milieu des territoires de chasse des Pawnies.

Quant à moi, j’avais eu le bonheur de me procurer dernièrement, par échange, le meilleur cheval de la troupe, un alezan de pur sang, beau, généreux et sûr. En des situations semblables, on change presque de nature en changeant de cheval. Je me sentais un être tout différent maintenant que j’avais sous moi cet animal, vif, mais doux et docile à un degré surprenant, et rapide, aisé, élastique dans tous ses mouvemens. En peu de jours il devint attaché à moi comme un chien ; il me suivait quand je marchais ; il venait contre moi le matin pour être caressé, et mettait son museau entre moi et mon livre,