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Page:Wash Irving voyage dans les prairies.djvu/202

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postures grotesques devant lui. Alors nous tirâmes plusieurs coups sur le buffle ; mais les balles se perdaient dans cette montagne de chair sans y produire un effet mortel. Il fit une lente et majestueuse retraite dans la rivière, peu profonde, en se retournant contre les poursuivans toutes les fois qu’ils le pressaient trop vivement ; et lorsqu’il fut dans l’eau, il s’y posa comme pour soutenir un siège. Cependant une balle, logée dans une partie plus vitale de son corps, lui causa un frémissement universel. Il se retourna, et tenta de passer sur l’autre rive ; mais, après avoir fait quelques pas en chancelant, il tomba doucement sur le côté, et il expira. C’était la chute d’un héros, et nous sentîmes une sorte de honte de cette boucherie ; mais une ou deux minutes nous réconcilièrent avec nous-mêmes : nous nous répétâmes cette vieille et banale justification : Nous avons délivré le pauvre animal de toutes ses misères.

On tua deux autres buffles pendant la soirée ; mais il se trouva que c’étaient des taureaux dont la chair est dure et maigre à cette époque de l’année. Un jeune daim mâle nous fournit un mets plus savoureux à notre repas du soir.