Page:Wash Irving voyage dans les prairies.djvu/221

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Beatte revint de la chasse triste et mortifié : il avait trouvé un ours d’une dimension formidable, et l’avait blessé ; mais il était entré dans le ruisseau qui maintenant coulait rapidement et à plein bord, et Beatte, s’y lançant après lui, l’attaqua par derrière avec son couteau de chasse : à chaque coup, la bête, furieuse, se retournait en montrant des dents blanches et terribles. Beatte avait pied dans le courant, et trouva moyen de pousser l’animal hors de l’eau avec son fusil ; et lorsqu’il se serait retourné pour se mettre à la nage, il voulait essayer de lui couper les jarrets ; mais l’ours parvint à s’échapper parmi les broussailles, et notre métis fut obligé d’abandonner sa poursuite.

Son aventure, si elle ne produisit point de gibier, rappela du moins différentes anecdotes qui furent contées le soir autour du feu, et dans lesquelles l’ours terrible figurait toujours en première ligne. Ce puissant et féroce animal est un thème favori d’histoires de chasse parmi les hommes rouges et blancs de ces contrées. Un brave Indien porte à son cou les énormes griffes de ce redoutable ennemi comme un trophée plus honorable qu’un scalp humain. On voit rarement cet ours au-dessous des hautes prairies