Page:Wash Irving voyage dans les prairies.djvu/223

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il resta au fond du puits, trop brise pour se mouvoir, se nourrissant de la chair crue de l’ours, et prenant soin de tenir ses blessures ouvertes, afin qu’elles pussent se guérir par degré et radicalement. Enfin il reprit assez de force pour grimper au sommet du puits et sortir sur la prairie : il gagna, en rampant et avec beaucoup de peine, un ravin formé par un ruisseau presque sec ; là il but avec délice de l’eau fraîche qui le ranima un peu, et, en se traînant d’une flaque d’eau à une autre, il se soutint avec de petits poissons et des grenouilles.

Un jour il vit un loup chasser et tuer un daim sur la prairie voisine. À l’instant il rampa hors du ravin, effaroucha le loup, et se couchant à côté de sa proie, il y resta assez de temps pour faire plusieurs repas succulens qui lui rendirent une grande partie de ses forces.

En retournant au ravin, il suivit le cours du ruisseau jusqu’à ce qu’il devînt une rivière assez forte. Il la descendit en se laissant aller au courant, et juste, à son embouchure dans le Mississipi, il trouva un arbre tombé qu’il lança avec quelque difficulté, et, se mettant dessus à califourchon, il flotta jusqu’en face du fort à Council-Bluffs. Heureusement il arriva de jour, autrement