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VOYAGE DANS LES PRAIRIES

il aurait pu passer sans être aperçu devant ce poste solitaire, et aurait péri au milieu de ces vastes eaux. Ayant été signalé du fort, on envoya un canot à son secours ; il fut débarqué plus mort que vif : on le guérit de ses blessures ; mais il resta mutilé.

Notre chasseur Beattle était revenu de son combat avec l’ours, exténué et découragé. Le changement de temps et l’humidité qu’il avait conservée sur son corps après avoir plongé à demi dans le ruisseau, avaient réveillé des douleurs rhumatismales auxquelles il était sujet ; bien qu’il fut ordinairement énergique et endurci il toutes les fatigues et à tous les travaux, on le voyait maintenant triste et dolent auprès du foyer, et se plaignant, peut-être pour la première fois de sa vie. En dépit de sa constitution de fer, et quoiqu’il n’eût pas encore atteint le midi de la vie, il n’était plus, suivant lui, qu’une misérable ruine. C’était, en effet, un exemple vivant des maux de la vie sauvage des frontières. En découvrant son bras gauche, il nous montra les contractions produites sur ce membre par une précédente attaque de rhumatisme, maladie qui afflige souvent les Indiens ; car en s’exposant constamment aux vicissitudes des saisons,