Page:Wash Irving voyage dans les prairies.djvu/235

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petit instrument nomme bêleur, et l’on attire ainsi les mères à la portée du fusil. On a de Ces instrumens de différentes sortes, appropriés au temps calme, au temps d’orage, à l’âge des faons. La pauvre biche, trompée par eux, dans son inquiétude pour son petit, s’avance quelquefois tout près du chasseur. « Une fois, dit un des jeunes gens, j’ai fait arriver, en bêlant, une biche à vingt pas de moi ; je pouvais la viser à coup sûr : trois fois je mis en joue, et trois fois je n’eus pas le cœur de tirer. La pauvre bête regardait d’un air si triste que j’en étais tout attendri. Je pensais à ma mère, je me rappelais combien elle s’alarmait pour moi quand j’étais petit ; cela me décida tout d’un coup : je criai, et en un moment, la biche effarouchée fut hors de la portée de mon fusil.

— Et vous fîtes bien, s’écria l’honnête Ryan ; pour ma part, je n’ai jamais pu me résoudre à bêler les daims. Je me suis trouvé avec des chasseurs qui avaient des bêleurs y et je les ai obligés à les jeter. Prendre avantage de l’amour d’une mère pour ses enfans, est une vraie manœuvre de coquin. »

Sur le soir, nos trois héros revinrent de leur mystérieuse course. La langue de Tony annonça