Page:Wash Irving voyage dans les prairies.djvu/236

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
232
VOYAGE DANS LES PRAIRIES

leur approche long-temps avant que l’on put les apercevoir : il criait de toute la force de ses poumons, et attira l’attention du camp entier. La marche pesante de leurs chevaux et leurs flancs haletans donnaient des témoignages d’un rude exercice ; et lorsqu’ils furent tout-à-fait en vue, nous trouvâmes qu’ils étaient chargés de viande comme l’étal d’un boucher. Dans le fait, ils avaient parcouru une immense prairie qui s’étendait au-delà de la forêt, et qui était couverte de troupeaux de buffles. Dans sa convention avec les Osages que nous avions dernièrement rencontrés, Beatte avait été informé de l’existence de cette prairie dans le voisinage, et de l’abondance de gibier qu’elle contenait ; mais il en avait fait un secret aux cavaliers rôdeurs, afin d’avoir, lui et ses camarades, le plaisir d’explorer les premiers cette chasse. Ils s’étaient contentés de tuer quatre buffles, bien qu’ils eussent pu, au dire de Tony, en tuer par vingtaines.

Ces nouvelles, et la chair de buffle apportée comme pièces de conviction, répandirent la joie dans le camp ; chacun espérait une heureuse chasse sur les Prairies. Tony devint encore l’oracle des cavaliers, et il entretint pendant des heures un groupe auditeurs attentifs, assis sur