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VOYAGE DANS LES PRAIRIES

de la frayeur, sentimens du reste parfaitement naturels. Parmi tous les animaux, le buffle, quand il est pressé par le chasseur, a très certainement l’aspect le plus diabolique. Ses deux cornes noires et courtes se recourbant des deux côtés d’un large front hérissé, ses yeux semblables à des charbons ardens, sa bouche béante, sa langue d’un, rouge vif tirée en demi-croissant, sa queue redressée dont le bout panaché flotte dans les airs, tout cela produit une image parfaite de rage mêlée de terreur.

Avec infiniment de peine, je forçai cependant mon cheval à s’approcher à la distance convenable, et je tirai ; mais, à mon grand chagrin, les deux pistolets ratèrent. Les platines de ces vétérans étaient tellement usées que, pendant le galop, l’amorce était tombée du bassinet. Quand le second pistolet manqua, j’étais tout près du buffle, qui, dans son désespoir, se retourna, et avec un ronflement sourd se lança sur moi. Mon cheval tourna sur lui-même comme sur un pivot, prit un élan convulsif, et comme je me penchais de côte, le pistolet tendu, je faillis être jeté par terre, aux pieds du buffle.

Trois ou quatre bonds de mon cheval nous mirent hors des atteintes de l’ennemi, et celui-ci,