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VOYAGE DANS LES PRAIRIES

sur une ligne parallèle, espérant arriver près de ces animaux sans attirer leur attention. Cependant ils commençaient à se retirer tout doucement, s’arrêtant presque à chaque pas pour prendre encore une bouchée d’herbe, quand un taureau que nous n’avions pas vu parce qu’il faisait la sieste sous un massif d’arbres à notre gauche, se leva brusquement et se hâta de rejoindre ses compagnons. Nous étions encore assez loin d’eux ; mais l’alarme était donnée, nous pressâmes le pas, ils se mirent au galop, et nous entrâmes en pleine chasse.

Le terrain étant plane, ils couraient à la file avec rapidité, deux ou trois taureaux formant l’arrière-garde : le dernier, avec son corps énorme, son toupet et sa barbe vénérable, avait l’air du patriarche du troupeau d’un ancien monarque de la prairie.

L’apparence de ces grands animaux en fuite est en même temps grotesque et sublime quand ils déplacent leur lourde masse par l’abaissement et l’élévation alternatifs de leur cou raide et de leur grosse tête ; avec leurs queues retroussées à la Jeannot, dont la pointe bat l’air d’une manière formidable et pourtant ridicule, et leurs