Page:Wash Irving voyage dans les prairies.djvu/257

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

journée à cheval sans prendre la moindre nourriture.

Nous retrouvâmes notre digne ami le commissaire, duquel nous nous étions séparés au début de cette aventureuse journée, couché dans un coin de la tente, rendu de fatigue, tout déconfit par une chasse heureuse et glorieuse.

Voici le fait. Beatte, notre métis, voulant signaler son zèle en donnant au commissaire l’occasion de se distinguer à la chasse, l’avait fait monter sur son cheval demi sauvage, et mis sur les traces d’un taureau-buffle que les chasseurs avaient effrayé. Le cheval, aussi intrépide que son maître, et, ainsi que lui, d’une nature tant soit peu diabolique, d’ailleurs depuis long-temps familiarisé avec ce gibier monstrueux, n’eut pas plus tôt vu et senti le buffle qu’il emporta son cavalier bon gré mal gré, montant les collines, descendant les vallées, sautant les ruisseaux et les flaques, se lançant dans les précipices, si bien qu’il atteignit en moins de rien la bête fugitive. Alors, au lieu de prendre le large, il se serra contre le buffle. Le commissaire, presque pour se défendre, déchargea les deux coups de sa carabine sur les flancs de l’ennemi. Cette bordée eut de l’effet, mais non un effet mortel. Le