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VOYAGE DANS LES PRAIRIES

buffle se retourna furieux contre son adversaire. Le cheval, suivant ce qu’on lui avait enseigné, fit volte-face. Le buffle le poursuivit. Dans cette extrémité, le digne commissaire tira son unique pistolet, fit feu comme un chasseur déterminé ; le coup porta ; la balle pénétra dans la poitrine du buffle, qui chancela, et roula enfin sur la terre.

À son retour au camp, le commissaire fut accablé d’éloges sur son exploit signalé ; mais il était encore plus accablé de fatigue. Il avait couru et vaincu malgré lui ; il faisait donc la sourde oreille a tous les complimens, et la bonne chère des chasseurs, placée devant lui, ne le tentait guère. Il se retira le plus tôt possible pour étendre ses membres brisés sous la tente, et déclara que rien au monde ne pourrait désormais le décider à monter le quasi-démon de cheval indien, et qu’il renonçait pour la vie à la chasse aux buffles.

Il était maintenant trop tard pour envoyer à la recherche du comte ; mais l’on tira des coups de fusil et l’on donna du cor de temps en temps, afin de le guider vers le camp si par hasard il se trouvait à portée de les entendre ; mais la nuit avança, et il ne parut point. Pas une