Page:Wash Irving voyage dans les prairies.djvu/261

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bien que notre demi-Français. M.  L. et moi, nous nous mimes à la tête de la troupe y afin de la conduire sur le site de notre dernière chasse, où nous avions été séparés du comte, et tous ensemble nous nous avançâmes sur la prairie. Une course d’un ou deux milles nous mena où gisaient les corps des buffles que nous avions tués. Une légion de corbeaux se gorgeaient déjà sur ces carcasses. À notre approche, ils s’éloignèrent à regret, et s’arrêtant à la distance d’une centaine de toises, ils regardaient la proie d’un œil avide, attendant notre départ pour recommencer leur festin.

Je conduisis Antoine et Beatte a l’endroit où le jeune comte avait continué seul la poursuite. C’était mettre des lévriers sur une piste. Ils distinguèrent sur-le-champ les traces de son cheval au milieu des empreintes profondes des pieds de buffle, et coururent presqu’en droite ligne à plus d’un mille, où le troupeau s’était divisé çà et là, sur une pelouse. Ici les traces du cheval se croisaient, allaient en sens divers. Nos métis étaient comme des chiens en défaut. Tandis que nous étions rassemblés autour d’eux, en attendant qu’ils se fussent reconnus dans ce labyrinthe, Beatte poussa tout à coup un de ses cris ou plu-