Page:Wash Irving voyage dans les prairies.djvu/281

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et de cotonniers, au milieu de laquelle paissait un beau cheval noir. Beatte, qui allait toujours en avant, nous fit signe de nous arrêter, et comme il montait une jument, il s’avança pas à pas du côté du cheval, en imitant le cri de cet animal avec une exactitude surprenante. Le noble coursier des Prairies tourna la tête, regarda un instant Beatte et sa jument, souffla, hennit, dressa les oreilles, puis se mit à caracoler en demi-cercle devant la jument d’un air galant, en se tenant toutefois a une assez grande distance pour que Beatte ne pût lui jeter le lariat. C’était une créature magnifique, dans tout l’orgueil, toute la beauté de sa nature ; rien ne pouvait surpasser la grâce, la fierté de son encolure, de tous ses mouvemens, l’élasticité de sa course et de ses courbettes sur la pelouse. Voyant l’impossibilité de l’aborder, et s’apercevant qu’il était prêt à prendre l’alarme et reculait toujours de plus en plus, Beatte descendit, posa son fusil sur le dos de sa jument, et l’ajusta dans le but évident d’effleurer le beau coursier. Je sentis un mouvement d’anxiété pour ce superbe animal : j’appelai Beatte, et lui criai de ne point tirer ; il était trop tard, il pressait la détente au moment où je parlais : heureusement il ne visa point avec sa