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Page:Wash Irving voyage dans les prairies.djvu/282

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VOYAGE DANS LES PRAIRIES

justesse accoutumée, et j’eus la satisfaction de voir le destrier, noir de jais, se réfugier sain et sauf dans la forêt.

En sortant de cette vallée, nous montâmes encore des collines brisées et rocailleuses, couvertes de bois arides, également fatigantes pour les chevaux et pour les cavaliers. De plus, les ravins étaient creusés dans des fonds d’argile rouge, et souvent si escarpés que nos bêtes les descendaient en glissant du haut en bas, et grimpaient ensuite l’autre côté comme des chats. Çà et là parmi les taillis des vallées, nous vîmes des prunelles sauvages, et l’avidité avec laquelle nos hommes rompaient leurs rangs pour aller cueillir ces misérables fruits montrait combien ils aspiraient à la nourriture végétale, après avoir si long-temps exclusivement vécu de viande.

À trois heures passées nous campâmes à côté d’un ruisseau, dans une prairie où il restait encore un peu d’herbages pour nos chevaux à demi affamés. Beatte avait tué un faon pendant la journée ; un autre avait tué un dindon, en sorte que nous ne manquions pas de provisions.

C’était une splendide soirée d’automne. L’horizon, après le coucher du soleil, était d’un vert clair et doux, qui se fondait graduellement dans