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Page:Wash Irving voyage dans les prairies.djvu/67

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À L’OUEST DES ÉTATS-UNIS

craquement qui annonçait la rupture du tronc ne les détourna point de leur intense poursuite du gain. Enfin l’arbre tomba avec un horrible fracas et s’ouvrit du haut en bas, laissant à découvert les trésors accumulés de la république.

Un des chasseurs accourut à l’instant avec un paquet de foin allumé pour se défendre des mouches. Cependant elles n’attaquèrent point, ne cherchèrent point à se venger : elles semblaient stupéfaites, et voletaient, couraient autour des ruines de leur empire en bourdonnant, sans songer à nous faire le moindre mal. Chacun se mit à l’œuvre, pour retirer du tronc, avec des cuillers et des couteaux de chasse, les rayons de miel qu’il contenait. Plusieurs étaient d’un brun foncé et d’ancienne date ; d’autres étaient d’un beau blanc, et le miel de leurs cellules était presque limpide. Les rayons entiers furent mis dans des bidons pour être transportés au camp ; et ceux qui avaient été brisés dans la chute furent dévorés sur la place. On voyait tous ces rustiques chasseurs d’abeilles, tenant chacun un riche fragment qui dégouttait entre leurs doigts, et disparaissait aussi vite qu’une tarte à la crème disparaît devant l’appétit du dimanche d’un écolier.