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VOYAGE DANS LES PRAIRIES

mêlaient aux jurons adressés aux bêtes de somme. Un moment après, la forêt, qui depuis quelques jours avait offert une scène si animée, si tumultueuse ; rentra dans sa solitude et son silence primitifs.

C’était une belle et claire matinée ; une atmosphère transparente et pure semblait baigner le cœur dans la joie. Nous suivions une direction parallèle à l’Arkansas à travers un pays riche et varié. Quelquefois nous étions obligés de nous frayer un chemin sur des terrains d’alluvion, encombrés d’une végétation exubérante, où des arbres gigantesques étaient entrelacés de vignes qui tombaient de leurs branches comme les cordages d’un navire. D’autres fois nous longions de petites rivières stagnantes dont le faible courant servait à lier ensemble une suite d’étangs unis et brillans, encadrés comme des miroirs dans le sol de la forêt et réfléchissant son feuillage d’automne, et, en quelques places, le ciel bleu. Plus loin nous gravissions des collines de rochers du sommet desquelles la vue s’étendait au loin, d’un côté sur les immenses prairies, diversifiées par des bosquets et des forêts, de l’autre sur une chaîne de montagnes bleuâtres, au-delà des eaux de l’Arkansas.