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VOYAGE DANS LES PRAIRIES

l’Amphytrion du souper ; car des morceaux de son élan rôtissaient devant chaque foyer.

Les autres chasseurs revinrent les mains vides. Le capitaine avait remarqué les traces d’un buffle qui devait avoir passé peu de jours avant ; il avait suivi assez loin la voie d’un ours ; mais ses empreintes avaient enfin disparu. Il avait vu encore un élan qui s’avançait sur un banc de sable de l’Arkansas ; par malheur, tandis qu’il se glissait parmi les buissons pour trouver une place d’où il pût le tirer, l’élan était rentré dans le bois.

Notre chasseur Beatte revint à son tour, silencieux et morne, d’une chasse infructueuse. Jusqu’alors il ne nous avait rien rapporté, et nous avions tiré nos provisions de venaison de la loge du capitaine. Beatte semblait véritablement humilié, et devait l’être en effet, d’autant plus qu’il regardait les cavaliers du haut de sa grandeur, comme gens nouveaux sur les prairies, et peu versés dans les secrets de la chasse. De leur côté, ceux-ci ne le voyaient pas d’un œil favorable, à cause de son mauvais sang, et ils le nommaient toujours l’Indien.

D’autre part, notre petit Tony, à force de babil et de gasconnades, joints à son dialecte