Aller au contenu

Page:Wash Irving voyage dans les prairies.djvu/94

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
90
VOYAGE DANS LES PRAIRIES

milieu des cavaliers, et ne tarissant point en déclamations emphatiques sur son adresse, son habileté supérieures. Beatte conserva cependant sa fière taciturnité, et l’on ne vit pas un seul sourire dérider son visage saturnin. Il avait un mépris indicible pour l’ignorance des Rangers, et ne leur pardonnait pas de l’avoir mal jugé. Il dit seulement : Eux voient bien maintenant l’Indien être bon à quelque chose.

La rive large et sablonneuse sur laquelle nous descendîmes était sillonnée par d’innombrables traces d’élans, de daims, de racoons, d’ours, de dindons et d’oiseaux aquatiques. De ce côté, les abords de la rivière étaient agréablement variés : ici de longues et brillantes lagunes bordées de saules et de cotonniers ; là de riches plaines de forêts ouvertes où dominaient des platanes gigantesques ; et dans le lointain de hauts promontoires boisés. Le feuillage avait déjà une teinte dorée qui donnait au paysage le ton harmonieux et riche des tableaux du Lorrain ; et la scène était animée par le radeau sur lequel le capitaine et son fidèle confident le docteur passaient la rivière avec leurs effets, et par la longue file des cavaliers qui traversaient le courant en ligne oblique en allant d’un banc de sable à un autre pendant l’espace d’environ un mille.