Page:Weil - Intuitions pré-chrétiennes, 1951.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Aujourd’hui, on ne peut apercevoir quelque chose du fond de la pensée pythagoricienne qu’en exerçant une sorte de divination et on ne peut exercer une telle divination que de l’intérieur, c’est-à-dire si on a vraiment puisé de la vie spirituelle dans les textes qu’on étudie.

Les textes fondamentaux sont deux ou trois fragments de Philolaos, un passage du Gorgias, deux du Philèbe et un de l’Épinomis. Il y a aussi quelques formules transmises par Aristote ou biogène Laërce. À tout cela il faut joindre une formule d’Anaximandre quoiqu’il ne soit pas pythagoricien. Et il faut avoir présente à l’esprit, autant que possible, la totalité de la civilisation grecque.

Voici les textes :



Philolaos (Diels, Fragments des Présocratiques)[1]


B 47]

Nécessairement toutes les réalités sont ou limitantes ou illimitées, ou bien limitantes et illimitées. Seulement illimitées, cela ne se peut. Puisqu’il est donc manifeste que les réalités ne procèdent pas seulement de ce qui limite ni seulement de ce qui est illimité, évidemment l’ordre du monde et les choses qu’il contient ont été mis en harmonie à partir de ce qui limite et de ce qui est illimité.

B 49]

Dès l’origine, il n’y aurait même pas quelque chose qui soit susceptible d’être connu si tout était illimité.

B 58]

Tout ce qui est connu enferme du nombre. Car sans nombre rien ne peut être pensé ni connu.

B 150]

L’unité est le principe de toute chose.

B 91]

Le premier ajusté, le un, au centre de la sphère est nommé Hestia.

1 [B 9-160]

L’essence du nombre et l’harmonie ne reçoivent abso-

  1. Voir les textes grecs en appendice.