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258 FEUILLES D’HERBE

La forme du plancher de la demeure familiale, la demeure des parents et enfants amis,

La forme du toit de la demeure où vivent l’homme et la femme jeunes et heureux, le toit qui abrite le jeune couple marié,

Le toit qui abrite le dîner joyeusement préparé par la chaste épouse et mangé joyeusement par le chaste époux, content après sa journée finie.


Les formes se lèvent !

La forme du banc de prisonnier au tribunal, et de celui ou celle qui est assis sur le banc,

La forme du comptoir de liquoriste auquel s’appuient le jeune alcoolique et le vieil alcoolique,

La forme de l’escalier honteux et irrité d’être foulé par des pas rampants,

La forme du canapé sournois et la corruption du couple adultère,

La forme de la table de jeu avec ses gains et pertes diabo­liques,

La forme du marchepied pour l’assassin passé en jugement et condamné, l’assassin qui y monte, visage hagard et bras liés,

Le shériff à côté avec ses assesseurs, la foule silencieuse et lèvres pâles, la corde qui se balance.


Les formes se lèvent !

Formes de portes livrant passage à maintes sorties et entrées,

La porte que franchit, le sang au visage et en hâte, l’ ami désuni,

La porte qui laisse passer bonne nouvelle et mauvaise nou­velle,

La porte par où le fils a quitté la maison, bouffi de confiance,