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Page:Whitman - Feuilles d’herbe, trad. Bazalgette.djvu/30

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FEUILLES D′HERBES

LE NAVIRE QUI PART


Voyez, la mer sans bornes,
Sur son sein un navire qui part, toutes voiles dehors portant même ses monte-en-ciel,
La flamme flotte en haut tandis qu’il s’avance, s’avance si majestueux — au-dessous les vagues à l’envi se bousculent,
Elles entourent le navire d’un éclat de courbes mouvantes et d’écume.




J’ENTENDS CHANTER L’AMÉRIQUE


J’entends chanter l’Amérique, j’entends ses diverses chansons,
Celles des ouvriers, chacun chanter la sienne comme il faut joyeuse et forte,
Le charpentier chanter la sienne en mesurant sa planche ou sa poutre,
Le maçon chanter la sienne en se mettant au travail ou en quittant le travail,
Le batelier chanter ce qui lui est propre dans son bateau, le matelot de pont chanter sur le pont du vapeur,
Le cordonnier chanter assis sur son établi, le chapelier chanter debout,
La chanson du bûcheron, celle du garçon de ferme en route dans le matin, ou au repos de midi ou à la tombée du jour,
Le chant délicieux de la mère, ou de la jeune femme à son ouvrage, ou de la jeune fille qui coud ou lave,