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Page:Whitman - Feuilles d’herbe, trad. Bazalgette.djvu/53

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son lorsque je sors du lit et me trouve en face du soleil.

Tu avais estimé que mille arpents faisaient beaucoup ? Tu avais estimé que la terre faisait beaucoup ?
Il y a bien longtemps que tu t’exerces pour apprendre à lire?
Tu t’es senti bien fier de pénétrer le sens des poèmes ?

Reste ce jour et cette nuit avec moi et je veux que tu possèdes l’origine de tous les poèmes,
Je veux que tu possédés tout le bon de la terre et du soleil (il reste des millions d’autres soleils),
Je ne veux plus que tu reçoives les choses de deuxième ou troisième main, ni regardes avec les yeux des morts, ni te nourrisses des spectres qui sont dans les livres,
Je ne veux pas non plus que tu regardes avec mes yeux, ni acceptes les choses de moi,
Je veux que tu écoutes de tous côtés et qu’elles passent à travers toi-même.


3


J’ai entendu ce que racontaient les conteurs, des contes du commencement et de la fin,
Mais je ne raconte ni le commencement ni la fin.

Il n’y eut jamais plus de commencement qu’il n’y en a aujourd’hui,
Ni plus de jeunesse ou vieillesse qu’il n’y en a aujourd’hui,
Et il n’y aura jamais plus de perfection qu’il n’y en a aujourd’hui,
Ni plus de ciel ou enfer qu’il n’y en a aujourd’hui.

Poussée, poussée, poussée toujours,