Page:Whitman - Feuilles d’herbe, trad. Bazalgette.djvu/54

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Sans cesse la poussée procréatrice du monde.

Sortis de l’ombre, des égaux s’avancent en contraste, toujours substance et multiplication, toujours le sexe,
Toujours un tissage d’identité, toujours différenciation, toujours engendrement de vie.

Raffiner ne sert de rien, cultivés et incultes sentent que c’est ainsi.

Aussi sûrs qu’est sûr le plus certain, les montants d’aplomb, en traits solides, poutres arcboutées,
Forts comme un cheval, aimants, hautains, électriques,
Moi et ce mystère nous voici posés.

Limpide et suave est mon âme, aussi limpide et suave est tout ce qui n’est pas mon âme.

Si l’un manque, tous deux manquent, et l’invisible se prouve par le visible,
Jusqu’à ce que celui-ci devienne invisible et soit prouvé à son tour.

À montrer le meilleur et le séparer du pire, les siècles l’un après l’autre s’évertuent,
Connaissant l’absolue justesse et constance des choses, pendant qu’on discute je reste silencieux, puis vais me baigner et m’admirer.

Bienvenu est chacun de mes organes et attributs, et ceux de tout homme solide et pur,
Pas un pouce ni un fragment de pouce n’est vil, et aucun ne doit être moins familier que les autres.