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Page:Whitman - Feuilles d’herbe, trad. Bazalgette.djvu/64

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Et me rappelle lui avoir posé des emplâtres sur les écor­chures de son cou et ses chevilles ;
Il resta une semaine chez moi avant d’être remis et de ga­gner le nord,
Je le fis asseoir auprès de moi à table, mon mousquet posé dans le coin.


11


Vingt-huit jeunes, hommes se baignent près du rivage,
Vingt-huit jeunes hommes et tout amitié ;
Vingt-huit ans de vie féminine, et toute solitude.

Elle possède la jolie maison au bord de la digue,
Belle et richement vêtue, elle se cache derrière la jalousie de la fenêtre.

Lequel des jeunes hommes aime-t-elle le mieux ?
Ah ! le moins beau d’entre eux est magnifique à ses yeux.

Où allez-vous comme ça, madame ? Car je vous vois,
Vous plongez dans l’eau là-bas, pourtant restez plantée comme un piquet dans votre chambre.

Le long de la plage en dansant et riant s’avança, vingt-neuvième, la baigneuse,
Les autres ne la virent pas, mais elle les vit et s’éprit d’eux.

Les barbes des jeunes hommes luisaient d’eau, elle coulait de leurs longs cheveux,
Glissait en petits ruisseaux sur tout leur corps.

Une invisible main également glissa par tout leur corps,
Elle descendit en tremblant de leurs tempes et leurs côtes.