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Page:Whitman - Feuilles d’herbe, trad. Bazalgette.djvu/74

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Si elles ne sont pas les tiennes autant que les miennes, elles ne sont rien ou autant dire rien,
Si elles ne sont pas l’énigme et la solution de l’énigme, elles ne sont rien,
Si elles ne sont pas tout aussi proches qu’elles sont lointaines, elles ne sont rien.

Voici l’herbe qui pousse partout où s’étend la terre et s’é­tend l’eau,
Voici l’air commun qui baigne le globe.

18


J’arrive avec une musique puissante, avec mes trompettes et mes tambours,
Je ne joue pas seulement des marches pour les vainqueurs reconnus, je joue des marches pour vaincus et victimes.

On vous a dit qu’il était beau de remporter la victoire ?
Je dis aussi qu’il est beau de succomber, les batailles sont perdues dans le même esprit qu’elles sont gagnées.

Je bats le tambour pour les morts,
J’embouche ma trompette et sonne pour eux mes airs les plus retentissants et les plus joyeux.

Bravo pour ceux qui tombèrent !
Et pour ceux dont les vaisseaux de guerre s’enfoncèrent dans la mer !
Et pour ceux qui eux-mêmes s’enfoncèrent dans la mer !
Et pour tous les généraux qui perdirent des batailles et tous les héros terrassés !