Serre-toi contre moi, nuit au sein nu — serre-toi bien fort, nuit magnétique et nourrissante !
Nuit des vents du sud — nuit des grands astres !
Nuit silencieuse qui me fait signe — nuit d’été folle et nue.
Souris, ô terre voluptueuse à la fraîche haleine !
Terre des arbres ensommeillés et vaporeux !
Terre du soleil disparu — terre des montagnes enfaîtées de brume !
Terre du ruissellement vitreux de la pleine lune à peine teinté de bleu !
Terre des rayons et ombres marbrant les flots de la Rivière !
Terre du gris limpide des nuages, plus brillant et plus clair pour l’amour de moi !
Terre arrondie qui défile jusqu’au lointain — terre riche de pommiers en fleurs !
Souris, car ton amant approche.
Prodigue, tu m’as donné ton amour — c’est pourquoi je te donne mon amour !
Ô amour indicible et passionné.
Toi, mer ! à toi aussi je m’abandonne — je devine ce que tu veux me dire,
Je regarde de la plage tes doigts recourbés qui m’invitent,
Je crois que tu refuses de t’en retourner sans m’avoir touché,
Il faut que nous fassions un tour ensemble, je me dévêts, emporte-moi vite et que je perde de vue la terre,
Reçois-moi sur tes coussins moelleux, assoupis-moi de tes vagues berceuses,