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Page:Whitman - Feuilles d’herbe, trad. Bazalgette.djvu/80

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Éclabousse-moi d’amoureuse onde, je puis te rendre la pareille.

Mer des houles étendues,
Mer qui respires d’un souffle large et convulsif,
Mer du sel de la vie et de tombes que pelle n’a fouillées pourtant toujours prêtes,
Qui hurles et creuses les tempêtes, mer capricieuse et dé­lectable,
Je suis consubstantiel à toi, moi aussi je suis d’une seule phase et de toutes les phases.

Je participe de l’influx et l’efflux, j’exalte haine et concilia­tion,
J’exalte les amis et ceux qui dorment dans les bras l’un de l’autre.

Je suis celui qui atteste la sympathie,
(Ferai-je ma liste des choses dans la maison en oubliant la maison qui les soutient ?)

Je ne suis pas seulement le poète du bien, je ne refuse pas d’être aussi le poète du mal.

Que nous dégoise-t-on touchant la vertu et touchant le vice ?
Le mal m’actionne et la réforme du mal m’actionne, ce m’est indifférent,
Mon allure n’est pas d’un censeur ni d’un réprobateur,
J'humecte les racines de tout ce qui a poussé.

Vous craigniez que la fécondité jamais ralentie engendrât la scrofule ?