Page:Whitman - Feuilles d’herbe, trad. Bazalgette.djvu/87

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Ils attendent dans les ténèbres, protégés par le gel,
Devant mes cris prophétiques l’ordure se retire,
Je vais au fond des causes pour les équilibrer à la fin,
Mon savoir, ce sont mes parties vitales, il reste d’accord avec le sens de toutes choses,
Le Bonheur (qui que ce soit qui m’écoute, qu’il ou qu’elle se mette à sa recherche aujourd’hui même).

Mon mérite final, je vous le refuse, je refuse de me dépouiller de ce que réellement je suis,
Mesurez les mondes, mais n’essayez jamais de me mesurer,
Je refoule votre plus insinuant et fort rien qu’en jetant un regard vers vous.

L’écriture et la parole ne me prouvent pas,
Je porte la plénitude de la preuve et tout le reste sur ma face,
Avec le silence de mes lèvres je confonds totalement les sceptiques.

26


À présent je ne ferai plus rien qu’écouter,
Pour enrichir mon poème de ce que j’entends, y faire collaborer les sons.

J’entends les airs de bravoure des oiseaux, le remuement du blé qui pousse, le babil des flammes, le caquet des bûches qui cuisent mes repas,
J’entends le son que j’adore, le son de la voix humaine,
J’entends tous les sons qui roulent ensemble, combinés, fon­dus ou successifs,